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  • : Le blog de Maya.P
  • : des romans, des contes, des histoires pour les petits, tout un espace dédié à la jeunesse mais pas seulement...
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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 11:34

 

 

                                                                       1Un service à rendre

Je m’appelle Bobine et je vis tout en haut de la tour Montcalm, au onzième étage. Souvent je m’ennuie car je n’ai pas de frère ni de sœur. Alors, des fois j’aide maman. C’est très amusant car elle est couturière ! et justement ce soir maman me demande un petit service.

-        J’ai besoin de fil doré pour finir la robe de Mademoiselle Grognon ! va vite à la mercerie m’en chercher.

Après elle me donne un petit baiser sur le front. Elle fait toujours ça maman.

Vite, j’enfile mon gilet et je cours prendre l’ascenseur.

-    Zut ! Zut ! et re-zut ! il est bloqué !

Je prends l’escalier. Au neuvième, je rencontre le vieux Monsieur Firmin qui grogne.

-       Cette foutue machine est encore cassée ! avec mon cœur malade, je ne peux pas descendre tous ces escaliers !

Touki son chien a envie de faire pipi.

-       Je peux sortir Touki si vous voulez !

Monsieur Firmin me tend la laisse de son chien avec un sourire.

 

2Une descente en flèche

Je m’accroche à la laisse de Touki et je continue ma descente. Et là je vais super vite, remorquée par Touki qui est trèèès pressé.

Au septième étage, je tombe nez à nez avec Madame Clarinette qui peste.

-       Je ne peux pas descendre avec ma poussette ! comment je vais faire pour acheter mon pain !

J’ai juste le temps de lui dire :

-        Si vous voulez je passe devant la boulangerie, je vous prends une baguette !

J’entends au loin sa réponse :

-        Bobine tu me sauves la vie !

Je suis déjà au sixième étage. Le cinquième, le quatrième, le troisième et le second je ne les vois pas passer !

Quand j’arrive au premier étage je tire un bon coup sur la laisse de Touki. Je suis un peu essoufflée.

-       Pff… Pff… On se calme Touki ! Pff… Pff…

J’essaie de reprendre mes esprits. Soudain j’entends une voix…

 

3Une voix connue

J’entends la petite voix de Mamie Quenouille qui roule les r.

-       Viens ma fille s’il te plait ! je dois te parrrler

Mamie Quenouille est super gentille, mais elle est aussi super bavarde ! alors je lui explique.

-       J’ai pas trop le temps mamie ! je dois sortir Touki, ramener du pain à Mme Clarinette et du fil pour maman.

-       Ne t’inquiète pas pourrr ça. Viens prrendrre un bout de Gâteau.

Mais mamie est super convaincante aussi !

Je laisse Touki dans le couloir.

-       Touki ne bouge pas, je reviens.

J’entre chez mamie. Elle me sert un méga morceau de gâteau à l’orange dont elle a le secret. Et, ensuite, elle prend un air vachement mystérieux pour me parler de son stylo…

-    Tu vois ce stylo, c’est un beau stylo non ?

Je le regarde bien, il ressemble à un stylo normal. Mais pour faire plaisir à Mamie je lui dis :

-       Il est très beau !

Et puis, elle fait les gros yeux. Elle avance sa tête toute ridée vers moi et elle me dit tout bas :

-       Tu sais garrrder un secrrret ?

Alors moi je reste la bouche ouverte un morceau de gâteau accroché à mes dents.

 

4Le Secret de mamie Quenouille

J’ai juste le temps de refermer ma bouche pour entendre l’histoire la plus bizarre que j’ai jamais entendu…

-       Tu vois ce stylo Bobine, il est magique !

Mamie Quenouille raconte qu’elle est une fée et qu’elle aimerait bien prendre sa retraite. Que ça fait longtemps qu’elle m’observe. Que je suis parfaite pour prendre sa suite. Et patati et patata… Moi je me dis qu’elle est un peu dérangée. Mais quand même ça m’intrigue.

Elle prend ma main et me met le stylo dedans. Elle ferme les yeux, pour mieux se concentrer. Après, elle récite une formule qui dure une éternité : Abricabradada, bougligli, bloulagala.

Moi je pense, au secours ! à moi ! à l’aide ! mamie Quenouille est une sorcière !

Mamie ouvre enfin les yeux et elle dit :

-        Voilà, le stylo est à toi. Je t’ai donné le pouvoirrr ! Mais attention il faudrrra être prrrudente !

Mamie m’inquiète. Je me promets d’en parler à maman après les courses.

 

 

-     Tu es la nouvelle petite fée ! prrrends bien soin de ton stylo magique et méfie toi des sorrrcièrrres qui pourrrraient te le chiper.

Sept coups viennent de sonner à la vieille horloge du salon. J’en profite pour me sauver.

-       Je dois y aller mamie, ça va fermer ! Merci pour tout !

Smack ! je dépose une bise sur sa joue molle.

-       N’oublie pas, Bobine, ne dis rrrien à perrrrsonne ! Bouche cousue !

-       Ouiiii mamie à toute !

Je sors en trombe et là horreur ! Touki s’est échappé !

J’arrive essoufflée à la boulangerie.

-       Il n’y a plus de pain ! me dit le boulanger désolé.

 En plus le rideau de la mercerie est tiré. C’est affreux ! je pleure beaucoup.

 

5Le stylo magique

Mes larmes me mouillent tout le visage.

-  C’est trop bête ! je vais me faire gronder ! tout ça à cause de ce fichu stylo ringard !

Je gribouille nerveusement un morceau de papier que j’ai trouvé dans ma poche en espérant un miracle. Je dessine une tête de chien et en même temps je pense :

-       Si seulement Touki était là !

Soudain je sens un grand coup de langue sur ma joue. C’est Touki ! Youpi !

Je me demande si c’est un hasard ou bien de la magie. Le stylo frétille entre mes doigts. On dirait qu’il a envie d’écrire. J’écris : pain.

Je finis à peine qu’une grosse voix m’appelle. C’est le boulanger !

-   Bobine ! Cette baguette était cachée la coquine !

Génial ! je prends la baguette ravie. Il me reste à trouver le fil pour maman.

Sur le petit bout de papier, je marque : fil.

Rien, il ne se passe rien du tout… Je suis si déçue !

Tout à coup je marche sur quelque chose qui roule. Zip ! je glisse. Heureusement Touki est là pour me rattraper. La chose s’est coincée sous ma chaussure.

-       Une bobine de fil dorée !

Je n’en reviens pas ! le stylo de Mamie Quenouille est vraiment magique !

Je cours la remercier pour ce cadeau extraordinaire !

 

 

 

 

6la fée Bobine

Quand je cogne à la porte de mamie, personne ne répond. Je trouve juste un mot collé : Partie en vacances autour du monde !

J’aurais bien aimé lui poser tout un tas de questions ! Tant pi, je vais me débrouiller.

Première chose, réparer l’ascenseur. Allez zou, faisons marcher le stylo magique ! un petit crayonné et le tour est joué !

Quand j’appuie sur le bouton de l’ascenseur.  Ça marche. Waw ! les portes s’ouvrent !

Arrivée au septième étage Madame Clarinette me fait un triomphe !

-       Mes invités sont arrivés. Il ne manquait que du bon pain ! Tiens voilà des bonbons.

J’empoche une poignée de bonbons trop contente.

Au neuvième, Monsieur Firmin est de bonne humeur.

-       J’ai pu voir la fin du match de foot, on a gagné ! merci Petite, et pour toi voilà une pièce.

Alors là, trop cool, des sous !

Après avoir remercié Monsieur Firmin, je file à la maison.

-       Maman ! J’ai ton fil !

-       Vous voyez Madame Grognon, ma fille m’a ramené le fil qu’il fallait.

Madame Grognon rumine dans sa barbe. Maman se met à sa machine et finit la robe en un rien de temps.

-     Elle est magnifique cette robe ! dit Madame Grognon avec un grand sourire. Bravo Madame la couturière !

Une fois Mme Grognon Partie, maman me dit :

-       Viens ici, ma fille chérie, que je t’embrasse ! tu m’as ôté une grosse épine du pied !

J’ouvre des yeux ronds.

-       Grâce à toi Madame Grognon est partie SA-TIS-FAI-TE ! tu veux que je te dise quelque chose…

Maman me chuchote à l’oreille :

-    Tu es une vraie petite fée !

Je lui murmure en clignant de l’œil :

-       Tu ne crois pas si bien dire, maman !

Le soir dans mon lit, je pense à mamie. J’ai hâte qu’elle rentre de son voyage car j’ai mille questions à lui poser…

 

 

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 11:26

Résumé :

Antonin, qui a beaucoup d'imagination, surprend ses parents en train de parler de lui. Les mots qu’il saisit lui laissent penser qu’il a découvert un secret de famille…

 

1 Les photos volées.

Depuis que je suis capable de tenir un appareil photo dans mes mains, je photographie tout ce qui m’entoure. Avant j’aimais bien faire des photos souvenir. Je photographiais mon gâteau d’anniversaire, le trou de souris avant que papa ne le rebouche ou mes copains en train de faire les andouilles devant moi.

Je photographiais mes pieds tous les deux mois pour observer leur croissance. 

Je photographiais les poubelles vides, pleines, renversées et même brûlées ( ça arrive quand des vandales croisent le chemin de votre poubelle).

J’ai eu ma période chaussure. J’aimais bien prendre en photo des chaussures de toutes sortes. J’allais dans ma rue et là, j’avais toutes les chaussures que je voulais. Des grosses, des minuscules chaussures de bébé, des pointues, des brillantes, des abîmées, des à lacets, des à scratch, il y en avait pour tout les goûts.

Maintenant, j’adore faire des images volées à gauche à droite, surprendre les gens dans des actions.

Chaque matin, Persil le chien des voisins fonce sur Maximilien quand il dépose le journal dans leur boîte à lettres. Il l’effraie, le fait sursauter avec ses aboiements hargneux. Pour saisir l’expression de Maximilien et la colère de Persil, il a suffi de me poster à un endroit stratégique dans le jardin. Tout près du rosier grimpant qui se trouve juste à côté du portail des Barthélemy. Là, caché parmi les roses et leurs épines j’ai planté mon œil digital. Click ! et j’ai immortalisé leur mimique. Maximilien, les yeux ronds, les sourcils en parenthèses, la bouche ouverte. Persil, les crocs dehors, la babine retroussée, l’œil furieux.

Idem pour papa. Lorsque qu’il part au travail, il oublie presque toujours quelque chose. Quand ce ne sont pas ses clés de voiture ou sa veste bleu marine c’est sa sacoche. Dans ces cas-là, il revient toujours en s’exclamant « où ai-je la tête nom d’une pipe ! ». Il fait, alors, une drôle de grimace. Il fronce les sourcils et remonte en triangle sa lèvre supérieure. Cela ne dure qu’une seconde ou deux, difficile de capturer une expression aussi fugitive ! Après de nombreux essais infructueux, j’ai immortalisé son visage tout crispé. Je lui ai montré et il a bien ri. Papa a bon caractère.

J’adore explorer le monde autour de moi. Plus tard je deviendrai un grand explorateur.

 

2 Les mots capturés

De temps en temps, J’aime me lever tôt même si c’est les vacances. Car c’est tôt le matin qu’on peut capturer des images intéressantes. Aujourd’hui, j’explore la maison et ses alentours. Muni de mon mitrailleur d’images, je tombe sur une conversation entre papa et maman. Ils parlent d’eux et puis ils parlent de moi aussi, dans la cuisine. La cuisine c’est l’endroit où on se dit tout. Chez nous c’est comme ça, si on a quelque chose d’important à se confier, on se le dit dans la cuisine. Peut-être par ce que c’est l’endroit le plus souvent fréquenté par nous trois. Je les regarde un moment. Papa a des petits yeux tristes et abattus, un peu comme ceux des saint-Bernard. Maman se tient la tête, ses beaux cheveux bruns trempent dans sa tasse remplie de café. J’attends, le moment me paraît propice à un reportage. Mais au fond, je ne me sens pas fier car j’ai l’impression de leur voler un moment intime.

Ils ne me voient pas… Je les entends… Ils disent Antonin par-ci, Antonin par-là, patati et patata... Ils parlent de moi. Ils chuchotent même. Je tends l’oreille, je retiens mon souffle, car ma respiration m’empêche de bien entendre tout. Au passage j’attrape un bout de phrase qui m’alerte. « Il va falloir en parler à Antonin. ». Puis quelques mots surgissent en désordre dans des bouts de phrases difficiles à saisir entièrement : « Antonin », « trop », « n’est pas », « enfant », « il aime », « notre ».

À cet instant, quand je comprends les bribes de mots qu’ils prononcent. Quand je les rassemble comme on reconstitue un puzzle (je suis fort en puzzle), c’est comme si je prenais un violent coup de point dans le ventre. « Antonin n’est pas notre enfant, il aime trop… ».

Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine comme une éponge desséchée au soleil. Après, j’ai du mal à avaler ma salive qui devient tout d’un coup épaisse et grasse. Je respire à fond, et je réfléchis.

« N’est pas notre enfant… il aime trop… »

De quoi veulent-ils parler ? les mots résonnent dans ma tête. Qu’est ce que tout cela signifie ?

 

3 Mes parents ne sont pas mes parents

Depuis mercredi, je pense beaucoup à la conversation entre papa et maman. Je les regarde aussi. Ils ont l’air gêné, pas bien dans leurs baskets, pas comme avant. Ils se forcent à me sourire. Papa qui aime bien faire des blagues très drôles, eh bien là il est nerveux comme un nouveau dans la classe qui veut à tout prix se faire remarquer.

Je réfléchis aussi dans ma tête. Je me dis : « mes parents ne sont pas mes vrais parents ». Et j’ai un truc qui me serre la gorge, comme une noisette coincée et qui  ne veut pas descendre dans mon estomac. Je me dis «  Peut-être, qu’ils viennent de se rendre compte que le docteur s’était trompé à la maternité. Peut-être qu’ils m’ont tout bonnement adopté quand j’étais bébé mais qu’ils ne voulaient pas me le dire mais que maintenant ils regrettent. Peut-être que je ne suis pas leur fils… Peut-être même que je suis le fils d’un boucher, j’adore la viande. Ou d’un très grand mathématicien, je suis nul en math. Ce n’est pas très logique ça ! Ou alors, peut-être que je suis le fils d’un grand photographe, vu que j’adore prendre tout en photo.  Peut-être même, que je suis le fils de quelqu’un de célèbre… »

Cette dernière idée me séduit car elle me console. Après tout qu’est ce que ça change ? rien du tout. Mes parents restent mes parents, je les aime. Je les adore même, car ils sont attentifs et doux, ils sont affectueux et généreux.

Mais à bien regarder, mon père est petit et trapu alors que je suis grand pour mon âge et maigre. Il a un crâne d’œuf, moi j’ai beaucoup de cheveux. Ses yeux sont aussi clairs et ronds que les miens sont sombres et en forme d’amande.

Je ne ressemble en rien à ma mère qui est petite et menue. Ses yeux sont étroits et sont long nez est droit. Rien à voir avec le mien plutôt court et rond.

Avant de surprendre la conversation de mes parents, je vivais comme un aveugle. Maintenant je sais que je suis quelqu’un d’autre.

 

4 On a de la Visite

Maintenant que je sais que ma famille n’est pas vraiment ma famille, je ne me sens plus obligé d’en aimer certains membres.

Par exemple… Ma tante Sophie, la sœur de maman.

Sophie, c’est ma bête noire, toujours à dire des choses blessantes. Du genre «  Tu as un visage d’ange ». Est-ce qu’on peut avoir le visage d’un ange lorsqu’on est brun aux yeux noirs ? les anges sont de jolis blondinets ailés incapables de la moindre bêtise ! Horrible ! Je suis loin d’être un ange. Je préfère être un pirate et sanguinaire qui plus est ! Surtout en présence de Sophie…

Parfois, elle se hasarde à lancer « ce qu’il est drôle cet enfant ! » alors que je dis ma récitation très sérieusement. Est ce qu’on est drôle dans ce cas ? On dirait qu’elle fait tout pour m’embêter, pour me rendre furieux ! Mais ça, ce n’est rien à côté de ce qu’elle m’a fait pour mes sept ans.

Cette date est à marquer au fer rouge ! elle avait mis en oeuvre une de ses attaques souterraines pour mettre dans la tête de maman qu’il ne fallait pas couper mes boucles brunes. « Il tellement mignon avec ! On dirait une fille ! ». Mais, je ne suis pas une fille ! je suis un garçon avec des biscotos et tout ce qu’il faut !

J’avais négocié longtemps pour avoir la même coupe que Clément tout en brosse. Maman avait beaucoup hésité, car entre parenthèses, elle aussi aimait mes boucles. Mais elle était sur le point de craquer, j’avais tout fait pour, quand Sophie est arrivée avec ses gros sabots pour anéantir mes plans.

Après, j’ai attendu mes neuf ans pour obtenir ma coupe ultra courte de vrai homme. Cette perte de temps et la déception de Clément à ma fête d’anniversaire, on avait prévu de jouer à bagnard s’évade, m’a obligé à prendre une décision super dure. J’ai décrété que Sophie était mon ennemie jurée. Aujourd’hui, ce qui me console d’avoir pris cette si dure décision c’est que Sophie n’est pas vraiment ma tata.

 

    -   Antonin descend s’il te plait ! On a de la visite ! Et ne traîne pas !

Depuis l’autre jour maman est très nerveuse et de temps en temps il lui arrive de prendre ce ton autoritaire pour m’appeler. Et en cet instant précis où elle me hèle, je n’ai pas trop envie de sortir de ma chambre. Je lis mon livre favori, celui qui parle du grand explorateur et photographe Ferdinand Archer. C’est papa et maman qui me l’ont offert, l’année dernière. Maintenant, je suis certain que c’était pour me mettre sur la voix… C’est donc ça… Alors, je suis peut-être le fils de Ferdinand Archer…

 

-       Antonin !

Si seulement ça pouvait être papi. Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu. Avec papi, on rigole tout le temps et puis il m’apprend à jouer à la pétanque.

« Quand tu seras grand, tu seras un champion de pétanque ! » papi, c’est le roi du compliment ! je l’adore !

Mais j’ai un mauvais pressentiment, quelque chose me dit que Sophie est dans le coin… je reste donc tranquille dans mon lit…

 

Depuis quelque temps, maman a de la visite presque tous les jours. Françoise, la pipelette, la sœur de papa est venue passer quelques jours. « La pipelette » c’est le surnom que lui donne papa parce que d’après lui elle a la langue bien pendue. Elles ont passé beaucoup de temps dans la cuisine à papoter devant une tasse de thé ou peut-être que c’était du café.

Hier c’était Janine, ma mamie qui ne l’est pas vraiment puisque c’est la mère de maman qui n’est pas vraiment ma maman. D’ailleurs, je l’appelle Janine tout court. Mamie, je trouve ça un peu hypocrite, maintenant que je sais que nous ne sommes pas de la même famille. Elle n’a pas eu l’air surpris. Enfin, en tout cas elle ne m’a fait aucune remarque. Elle m’a juste embrassé de ses bisous collants et humides un peu plus fortement que d’habitude. Comme si elle avait quelque chose à se faire pardonner.

 

-       Antonin !!!

Maman me rappelle à l’ordre, Je ne tiens pas à bouger d’un pouce. Je suis bien calé dans mon lit.

      -   Antonin ne fait pas le sourd ! Tu sais bien que tante Sophie n’aime pas les enfantillages !

Oh ! non ! mon pressentiment se révèle exact. Pas envie de la voir, pas envie de supporter  ses remarques désagréables. Mais maman insiste une nouvelle fois. Alors, contraint et forcé, je sors l’attirail pour la circonstance.

Enfin prêt, j’emprunte la rampe d’escalier à califourchon, je glisse à toute vitesse jusqu’en bas et zou je termine ma descente vertigineuse par un petit saut de cabri. Me voilà face à mon ennemie jurée.

 

 

 

5 Le face à face

-   Tiens, il me semble que tu as pris quelques centimètres depuis la dernière fois, dit-elle.

Cette remarque, je la prends pour un compliment. Alors, je décide de gratifier mon ennemi d’un sourire. Ce qui m’étonne c’est qu’elle ne dit rien de rien sur ma tenue spéciale invasion de Sophie. J’ai pourtant fait un effort aujourd’hui. Salopette de ski, cagoule et bonnet, gants, cape de Batman sans oublier mon magnum 35 au cas où elle me ferait sa sempiternelle et détestable remarque. Je n’hésiterais pas une seule seconde, je l’abattrais comme un ours. Et tant pis si ça fait de la peine à maman. Je buterai sa sœur si jamais elle ose me dire…

-       Qu’il est beau, cet enfant ! tête d’ange et gueule d’amour ! tout ton portrait soeurette !

Elle a osé la vile sorcière… Ma main serre le pistolet, je vais éliminer cette vipère malfaisante. Elle ignore que Sandrine n’est pas ma vraie maman. Elle ignore que je suis forcément un Archer. Mon doigt s’apprête à appuyer sur la détente, mais maman me coupe dans mon élan.

-       Antonin, allez, dis bonjour à tante Sophie. Et tu vas me faire le plaisir de retirer ta cagoule.

Ça jamais qu’elle n’y compte pas ! D’un bond je donne un bécot dégoûté à tante Sophie et je file me réfugier à l’abri, sous la cage d’escalier.

-       Vous avez pu lui parler ? Il a l’air un peu perturbé…

-       Non pas encore, mais il va falloir.

-       Tu penses qu’il se doute de quelque chose.

-       Non, c’est impossible.

Elles chuchotent, mais j’entends quand même tout ce qu’elles se disent. Alors comme ça, Sophie, la vieille bique, est au courant que maman n’est pas ma vraie maman. Et donc elle sait qu’elle n’est pas ma vraie tata. Mais pourquoi elle dit toujours que je ressemble à maman alors ?

Et puis un garçon ressemble à son père, pas à sa mère. C’est scientifiquement impossible.

Ma tête tournicote. La place sous l’escalier n’est pas très confortable. Le danger étant écarté je sors de ma cachette pour regagner ma chambre en catimini et retirer mon déguisement qui me tient trop chaud en plein mois d’août.

 

 

6 Maman est  triste

Depuis quelques jours papa rentre de plus en plus tard du travail. Il ne mange plus tellement le soir avec nous. Bien souvent je vais me coucher sans l’avoir vu et quand je me lève, il est déjà parti au travail.

Je vois bien que maman est triste. Peut-être qu’ils ne sont pas d’accord. Peut-être que quand ils ont su que je n’étais pas leur vrai fils, ça a tué leur amour.

Mais moi je vais leur dire que je les aime quand même. Vrais parents ou pas, je les aime beaucoup.

-       Maman, qu’est ce que tu as ? pourquoi tu es triste ? Tu t’es disputée avec papa ?

-       Non, mon ange.

Quand c’est maman qui m’appelle son ange, c’est pas pareil que quand c’est Sophie. Dans la bouche de maman c’est beau d’être un ange !

Elle m’attrape par le menton et me regarde droit dans les yeux.

-       Je suis juste un peu soucieuse. Mais ça va aller.

-       Mais pourquoi, il n’est presque plus à la maison papa ?

-       C’est parce qu’il est à l’hôpital ?

-       À cause de son travail ? il y a beaucoup de malades en ce moment ?

-       Oui, mon cœur, c’est exactement ça, papa a beaucoup de travail.

Papa est docteur. D’habitude, il travaille dans son cabinet, il ne va jamais à l’hôpital. Alors, ça doit être ça… Il y a eu un échange à l’hôpital, les docteurs se sont trompés de bébé. On m’a confondu avec un autre. Papa doit faire des recherches dans leur fichier pour retrouver leur vrai enfant.

C’est pour ça que maman est triste et qu’elle me serre si fort dans ses bras. Comme si bientôt je devrai les quitter, comme si je ne vivrai plus avec eux dans peu de temps…

J’ai peur… Je n’ose pas dire à maman que je sais tout. Pourtant j’aimerai la rassurer.

Il faut que je sache si mon père est Ferdinand Archer. Il faut que j’en aie le cœur net. Il n’y a qu’un moyen de le savoir, c’est de lui écrire.

 

 

 

7 La lettre

Dans le livre qui raconte les exploits de Ferdinand Archer, il y a tout un tas de vieilles photographies. C’est en les regardant à la loupe que je vois tout de suite  qu’il me ressemble drôlement. Les mêmes cheveux ondulés. Bon, sa couleur à lui c’est roux mais je ne désespère pas que les miens changent. Ça se peut ! Le grand frère de Clément, il était tout blond avant et maintenant il a les cheveux bruns comme moi, alors !

J’ai aussi son nez, rond au bout. J’ai ses yeux en fente, ses mains fortes et quand je serais grand j’aurais sa grosse barbe rousse en broussaille. Et le plus frappant c’est sa petite cicatrice près de l’œil droit, on a exactement la même. Moi, c’est Persil la chienne des voisins qui me l’a faite un jour où elle était encore de plus mauvaise humeur que d’habitude. Clack groumpch !  elle m’a mordu.

Si c’est pas un signe ça ! il paraît qu’il y a des évènements qui se répètent de génération en génération. Maman, le dit tout le temps à papa quand elle est en colère après lui. Elle lui répète qu’il est comme son père et dans sa bouche ça n’a pas l’air d’un compliment. D’ailleurs, je trouve ça injuste car papi est le plus parfait des papis de la terre entière ! Mais si papa n’est pas vraiment mon papa, alors papi n’est pas mon vrai papi… J’ai un haut-le-coeur. Je suis triste…

 

Sur le livre il y a une adresse de marquée. Il ne me reste plus qu’à rédiger la lettre. Je m’applique et de ma plus belle écriture j’écris :

 

Monsieur Archer,

Vous ne me connaissez pas mais, on est de la même famille. Je crois que vous êtes mon père. Je vous ressemble beaucoup et je fait des photos d’exploration, pareille que vous. J’ai la même cicatrice que vous à coté de mon œil droit, aussi.

J’aimerai bien vous rencontré.

Signé : Anto

 

8 Clément

Finalement c’est plaisant de penser qu’on est le fils d’une célébrité. Bientôt j’aurai la réponse à ma question. Je suis presque sûr de la réponse. Quand il va lire ma lettre, Ferdinand Archer sera heureux de me retrouver. Mais moi je lui dirai, qu’il n’est pas question que je quitte ma famille. Je l’aime ! mes parents seront heureux et tout redeviendra comme avant. Comme avant que je surprenne leur conversation dans la cuisine.

Cet après-midi maman a des choses à faire. Du coup, je vais à la piscine municipale avec Clément. C’est sa maman qui nous y emmène. Elle est gentille Véronique, elle m’aime bien. Elle me dit que je suis son préféré ! parmi les copains de Clem bien sûr ! et puis avec elle je suis certain de me régaler avec un bon goûter. C’est encore les vacances, mais plus pour très longtemps. La rentrée c’est pour la semaine prochaine. Il fait encore très chaud, alors cette baignade tombe à pic. Les employés ont ouvert le toit de la piscine, c’est encore plus chouette.

Pour l’instant, je n’ai encore parlé à personne de mon secret. Clément, c’est mon meilleur copain, à lui je dis presque tout.

Après une heure de plongeons et de volley, on décide de s’allonger sur la pelouse qui borde la piscine. Véronique, nous donne notre goûter, une brioche au beurre et une barre de chocolat. Vraiment délicieux ! c’est en dégustant mon quatre heures que c’est arrivé. C’est venu comme ça.

-  Clem ! si je te disais que mes parents m’ont adopté ?

-  C’est quoi encore cette connerie ?

-   Ben, l’autre jour j’ai entendu mes parents discuter. Ils disaient que je ne suis pas leur fils.

-    Mais, n’importe quoi !

-   C’est vrai, je te jure.

-   Mouais.

Clément, fait la moue. Il tord son visage long et mince, et avance sa bouche en avant, l’air de dire. « Ne me prends pas pour une andouille ».

Je poursuis mon histoire et quand j’arrive à Ferdinand Archer, le voilà qui se redresse et me lance.

-       T’es débile mon vieux. T’as de la chance d’avoir une vraie famille. Et tu voudrais être le fils d’un héro de bande dessinée ? T’es nul dans ta tête mon pote !

Ses grands yeux noisette brillent. Et je ne saurais dire si c’est l’émotion ou le soleil qui lui brûle les yeux.

-       Mais je te jure, j’ai entendu mes parents parler de moi. Ils disaient que je ne suis pas leur fils. J’ai tout entendu !

-       T’es sûr d’avoir tout compris ? et puis ton histoire de Ferdinand Archer, excuse moi, tu l’as inventée pour te faire mousser.

Il ramasse sa serviette et s’installe un peu plus loin.

Je m’en veux un peu de lui avoir raconté mon secret. Comment peut-il réagir autrement ? Ses parents sont séparés depuis qu’il est bébé et son père, il le connaît à peine.

Je le rejoins, déçu, traînant un peu des pieds. J’aimerais qu’il pense à autre chose mais il se retourne et il me dit :

-       T’as rien pigé, mon gars. Mais, je ne te dirai rien car maman m’a fait promettre.

La conversation est close. Je pense qu’il me jette à la figure cette méchante phrase par simple jalousie. J’ai des parents adoptifs formidables et un père qui est une célébrité.

Ça l’emmerde que je sois le fils d’un homme connu alors que lui il est l’enfant de gens normaux.

 

9 La réponse

Ça y est, elle est arrivée la réponse à ma lettre. L’enveloppe longue, bleue, avec un arbre dessiné sur le côté droit est posée sur mon bureau. À l’intérieur, il y a un carton d’invitation.

«  Vous êtes invité à rencontrer Ferdinand Archer à la librairie LA PAGE, Paris 12ème, samedi 27 août à partir de 15H00. »

 Mais c’est aujourd’hui ! C’est génial ! je vais pouvoir rencontrer  Ferdinand Archer !

À la maison, ça bouge dans tous les sens. J’entends des portes qui claquent, des talons qui résonnent. Quelle heure est-il ? quoi, dix heures ! wow, j’ai trop dormi.

Je descends.  Maman est prête à partir.

-       Tu as vu, ma crevette, je t’ai posé un courrier sur ton bureau. Maintenant, je dois me sauver. Papa m’attend dans la voiture.

-       Qu’est ce qu’il se passe ?

-       Papa et moi, on t’expliquera à notre retour. Promis juré !

Elle me fait un salut militaire et se penche vers moi. Juste avant de m’embrasser, elle rajoute.

-       C’est ta tante Sophie qui va s’occuper de toi.

À ce moment, je ne me contrôle pas et paf, ça part tout seul.

-       Oh ! non pas elle !

-       Comment ça, pas elle ? c’est comme ça que tu accueilles ta tata ?

Sophie sort de la cuisine comme un polichinelle de sa boîte.

Maman dit :

-       Je me sauve !

La porte claque et me voilà en tête à tête avec tante Sophie. La journée va être rude. Et dire que j’avais l’occasion de rencontrer Ferdinand Archer.

-       Bon, allez Antonin ! Je sais que tu n’aimes pas que je te titille, mais tu connais le dicton : qui aime bien châtie bien. Et puis la journée risque d’être longue, alors autant être amis, non ?

Elle me tend, la main pour que je claque ma paume sur la sienne. Ce que je fais. Pour une fois elle a raison Sophie.

-       À la bonne heure ! tu sais, j’ai prévu une journée d’enfer ! pour commencer. Tu vas aller te préparer et ensuite on va manger une pizza géante !

-       J’aime pas la pizza.

-       Alors on peut aller chez le chinois à deux pas de chez moi, il en a un excellent !

J’acquiesce d’un hochement de tête et je ne peux réfréner un petit sourire. Elle sait y faire la Sophie. Sa bonne humeur est contagieuse.

-       Bon ! après on peut se faire une toile, si tu veux ?

-       Une toile ?

-       On peut aller au cinéma. J’ai vu que « la guerre des étoiles » passe au…

-       Non, j’aimerais mieux aller à la librairie LA PAGE car il y a Ferdinand Archer qui sera là. J’ai même une invitation !

-       Ça marche !

Tante Sophie m’épate, mais c’est quand même mon ennemie jurée, alors je me méfie.

Je me prépare à la hâte. J’enfourne dans mon sac à dos, mon livre, mes dernières photos et mon appareil. Et nous voilà partis !

Le repas est génial. Je peux commander tout ce que je souhaite. Sophie dit oui à tout. Finalement, elle sait être cool quand elle veut.

Au fil du repas j’ai une petite boule qui vient se poser sur mon ventre et qui est si lourde que je n’arrive pas à finir mon plat. Et dire qu’il y a encore le dessert !

-       Tu as les yeux plus gros que le ventre, mon gars ! C’est pas grave. Ta tante Sophie est très gourmande. Je vais m’en charger.

Elle me dit ça en roulant des yeux. Sa figure est si drôle que je ne peux m’empêcher d’éclater de rire. Je suis content d’être avec elle. Elle s’occupe bien de moi. Elle est gentille. Je me sens prêt à tout lui pardonner.

Elle regarde sa montre et s’exclame. 

-       Faut y aller mon grand, sinon on va rater ton rancard !

-       Mon quoi ?

-       Ton rendez-vous ! oh ! va falloir que je fasse ton éducation en expressions !

Sophie me fait rire, elle m’apprend des choses et finalement elle n’est pas si mal.

 

10 La rencontre

Lorsqu’on arrive à la libraire, on est très en retard et celle-ci est noire de monde. Je me sens tout petit au cœur de cette masse informe d’adultes. Ils se pressent, les uns contre les autres et ne font pas attention à moi. Ils me marchent sur les pieds, me poussent sans me voir. Sophie m’aide à me frayer un chemin. Elle tient ma main fermement et de peur de perdre mon précieux appareil photo je le serre contre moi. Enfin nous débouchons sur une longue file. Après une attente pénible et longue, me voilà face à lui, mon idole, mon père. Je suis un peu déçu car il n’est pas pareil que sur les photos. Il est vieux. Sa cicatrice au coin de l’œil baille comme une petite bouche. Son nez épais et granuleux ressemble à l’intérieur d’une grenade. Ses cheveux sont crépus et mal ordonnés. J’ai peur de lui parler, j’ai peur de lui demander. Mais il le faut. Je me lance.

-       Je… Vous… J’ai…

Il me regarde avec ses gros yeux fatigués. Et me fait un large sourire.

-       Tu ne serais pas Antonin, par hasard ?

-       Heu… oui…

-       Tu sais que je n’ai jamais reçu une lettre aussi drôle de toute ma vie ! Arthur, viens que je te présente mon fils.

Un grand type, à la barbe naissante et aux jambes sans fin, s’avance.

-       Ben ouais, c’est tout ton portrait. Y a pas de doute. AH ! AH !

J’ose à peine ouvrir la bouche, tellement j’ai honte. Les larmes me montent aux yeux et dégringolent malgré moi sur mes joues cramoisies.

Sophie est aussi surprise que moi. Elle ne sait pas quoi dire.

-       Eh bien !, je vais te dire un truc. Avec l’imagination que tu as tu iras loin, mon bonhomme ! Tu m’as emmené ton travail ? des photos ?

Je lui fais oui de la tête comme un petit muet. Je cherche dans mon sac, mais mes mains tremblent. Les photos sont sorties de leur poche et se sont éparpillées. Quand enfin, j’arrive à les rassembler, je les lui tends un peu honteux.

Il prend un long moment pour les regarder. Il les examine minutieusement.

-       C’est pas mal du tout ! tu as du talent.  Mais tu dois mieux cadrer pour mieux saisir la force de l’instant. Tu veux que je te dise, tu n’es pas mon fils car je n’ai pas d’enfant. Mais, si j’en avais un je voudrais qu’il soit comme toi.

Il se penche vers moi. Et il me chuchote à l’oreille.

-       Si tu continues à aimer la photographie, dans quelques années, quand tu seras un peu plus grand, je te prendrai comme stagiaire. Si ça te dit ?

-       Oh ça oui ! ça me dit trop !

Miracle j’ai retrouvé ma voix.

-       En attendant, Arthur mon ami, va te donner ma vraie adresse et mon numéro de téléphone. Comme ça on pourra rester en contact. Si ta maman le permet.

Il dit ça en regardant Sophie. Et du tac au tac je lui réplique :

-       Ce n’est pas ma mère et d’ailleurs je ne sais pas qui est ma vraie maman !

Sophie réagit aussitôt.

-       Qu’est ce que c’est que cette histoire ?

-       C’est vrai je les ai entendu, papa et maman dans la cuisine. Ils parlaient de moi à voix basse. Ils disaient que je ne suis pas leur fils.

-       Mais non, voyons ! Tu as mal compris, Antonin !

-       Quelle imagination ! vraiment Antonin tu m’épates ! Ah ! Ah ! Ah ! s’exclame Ferdinand Archer mort de rire.

Moi, je suis mort de honte… J’ai juste le temps de récupérer un peu. Ferdinand Archer se doit d’être attentif à ses autres admirateurs. Alors, après une brève photo souvenir et un au revoir chaleureux, Arthur me donne le numéro de téléphone et l’adresse complète de l’explorateur. Sophie et moi nous sortons en sueur d’avoir dû lutter pour traverser la foule encore plus épaisse et compressée. Enfin à ciel ouvert, elle s’accroupit à ma hauteur et me questionne du regard. Je ne sais pas quoi lui dire de plus. Je sais ce que j’ai entendu. Elle dit :

-       Je vais t’expliquer…

Sophie place sa bouche au creux de mon oreille et me raconte. Mon cœur bat à tout rompre. Il est plus léger car je retrouve ma vraie famille mais j’ai un lourd poids sur l’estomac. Alors, je lui dis :

-       Maintenant, je veux rentrer.

Elle m’attrape énergiquement par la main et m’entraîne dans son tourbillon plein de dynamisme.

-       La maison c’est par là !

Et nous volons littéralement, tels les oiseaux migrateurs qui ont une destination toute déterminée.

 

11 Les retrouvailles

Mes pieds effleurent à peine le perron de la maison. J’appuie de toutes mes forces sur la poignée grippée de la porte d’entrée. Elle cède brutalement et va cogner sur  le mur. La voix est libre, je file à l’intérieur. Dans le salon trône papi, mon papi… Il est installé dans un fauteuil roulant. Je n’ai pas l’habitude de le voir ainsi, lui qui est toujours si vaillant ! Des coups de tambour résonnent fort dans ma poitrine.

-       Papi ! Mon papi !

-       Hé ! hé ! je vois que tu es content de me voir, mon petit lapin.

-       Je sais tout, papi. C’est tante Sophie qui m’a tout expliqué. Elle m’a dit que papa et maman se sont inquiétés pour toi car tu as attrapé un méchant virus. Et qu’ils n’ont pas voulu me le dire car ils savent que je t’aime beaucoup ! mon papi chéri ! Et c’est pour ça qu’ils ont fait des messes basses. Ils ont voulu me protéger.

-       Tu vois maintenant, tu n’as plus à te tracasser car je suis guéri.

-       Et on va fêter ça ! s’exclame papa.

 

Le soir, toute la famille est réunie. Maman a préparé des pâtes à la milanaise car elle sait que c’est le plat préféré de papi. Mamie Janine a ramené une bonne tarte aux pommes. C’est la chef des desserts ! moi je fais des portraits de tout le monde et c’est pas triste !

Je suis le plus heureux, entouré de ma vraie famille. Et finalement, c’est vrai que je ressemble à maman. Sophie m’a montré des photos d’elle à mon âge, on est presque pareil ! presque car moi je suis un garçon, faut pas l’oublier !

Elle m’a expliqué que l’hérédité c’est quelque chose qui peut venir de nos lointains ancêtres et même nos goûts et tout. Elle m’a même révélé qu’elle aussi, lorsqu’elle était petite fille, elle photographiait tout. Mais elle m’a confié que je suis bien meilleur photographe qu’elle. Elle m’a promis de garder le secret de la lettre envoyée à Ferdinand Archer. Sophie n’est plus mon ennemie jurée, c’est ma tata copine !

La soirée passe en un éclair. Je suis étalé sur le canapé du salon quand maman s’approche de moi et me couvrant de petits bisous elle me dit :

-       Alors, Toto chéri, Sophie m’a raconté ton après midi et ta rencontre avec Ferdinand Archer. C’est formidable ce qu’il t’a proposé ! tu te rends compte! Stagiaire du grand Ferdinand Archer ! je suis fière de toi, mon grand ! très fière !

 

Plus tard, allongé dans mon lit, les yeux collés au plafond, je pense. Je me dis que Clément avait raison. J’ai de la chance d’avoir une vraie famille, une famille aussi formidable !  Lundi c’est la rentrée des classes, je lui dirai à Clément. Je lui dirai : «  T’avais raison sur ma famille, toi t’es vraiment mon meilleur pote ! »

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