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  • : Le blog de Maya.P
  • : des romans, des contes, des histoires pour les petits, tout un espace dédié à la jeunesse mais pas seulement...
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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 17:00

Maya était pressée de lire les traductions pour pouvoir en comprendre le sens et en interpréter les mots. Enfermée dans sa chambre, dissimulée dans son lit et plus particulièrement sous sa couette, sa lampe frontale en place, elle déplia délicatement le papier qui recélait les poésies. Elle les lut à voix basse pour elle-même, lentement avide d’en déchiffrer le sens.

 

 

Sous le ciel opale, la flamme te trahit

Sous le toit brûlant des bâtisses le vent s’évanouit

Il te voit dans ton âme

Il te voit, te réclame

Par les chemins obscurs, il te soumettra à sa loi

Île dans la campagne, retrouve le soldat

Et ne perd pas espoir, un jour le punira.

 

Il est temps maintenant, presse, presse le pas

Il est temps maintenant, retourne-toi

L’enfant ne sera pas épargné par la bête

Si tu persistes à braver le danger

Il est tout près de toi, il t’observe

Il est tout près de toi, méfie-toi

Pars, il en est encore temps.

 

Karim avait rajouté un petit commentaire tout comme le lui avait demandé son grand-père.

« voilà, tu viens de finir la lecture des deux lettres, cependant il ne s’agit que d’une traduction approximative car en arabe il existe des subtilités qui sont intraduisibles en langue française. En gros, il s’agit d’avertissements mais le style avec lequel le texte a été écrit laisse à penser qu’il s’agit de Sihême, grande poétesse et intellectuelle rebelle de la génération de mon grand-père. Je dois rajouter qu’il a été très étonné de lire ces poésies écrites de sa main car il la croyait disparue depuis bien longtemps. il semblerait qu’elle vive dans la région. Donc, mon grand-père te demande une faveur, si tu arrives à la retrouver, il aimerait la revoir avant de mourir. Car il admire cette femme et possède tous les recueils de poésies qu’elle a écrit. Alors, sois sympa, si des fois tu arrives à savoir où elle vit, rends moi ce service. Il m’a dit aussi de te dire qu’elle parle d’une personne très dangereuse et que même si elle n’a pas employé le mot monstre, certaines tournures de phrases laissent à penser qu’elle fait référence au MONSTRE et que ton amie Emma est liée à cet homme monstrueux qui est recherché depuis longtemps. Mon grand-père pense que Sihême le connaît, qu’elle doit l’observer et peut-être même l’espionner. L’homme agit souvent dans les campagnes mais il doit vivre dans une ville où il mène une existence d’homme ordinaire. Voilà, je t’ai noté tout ce qu’il m’a dit, en espérant que cela te sera utile dans ton enquête.

Ton ami, Karim. »

 

Maya serra le papier fort contre elle. Alors, le MONSTRE, était lié à Emma et son père… le grand-père de Karim bien que centenaire avait un cerveau qui fonctionnait à mille à l’heure. Il s’était sans doute servi de ses pensées à elle, il avait du s’imprégner de son vécu. Non d’un chien ! comme tout ceci était troublant. Mais peut-être que non, peut-être que Karim s’était livré et lui avait tout raconté, toutes ses mésaventures à elle. Peut-être que les déductions du vieil homme venaient de ce que lui avait confié Karim. C’est vrai… Ils semblaient si proches et si complices.

Elle ressassa les mots échangés avec Emma, avec Monsieur Rénald et Karim aussi. Tout lui revint en bloc comme un flot d’images et de paroles qui se mélangeaient au fil du débit de leur apparition. Il y avait des retours en arrière et des bons en avant. Tout un tourbillon de sensations et de couleurs vibrait, tournoyait inlassablement et se répandait en cascade inexorablement. Maya n’était pas de force à lutter contre les effluves d’images des rapides. Prise d’assaut par la déferlante, elle n’eut d’autre alternative que la panique. Elle avait perdu la faculté d’émettre le moindre son de sa gorge. Rien ne pouvait la sortir de cet enfer, rien si ce n’est qu’un petit souvenir enfoui, celui dans lequel Emma lui avait expliqué comment dominer la rivière, comment s’en faire une alliée.

- Respire profondément, lui avait-elle conseillé. Et surtout ne te laisse pas submerger par tes angoisses. Tâche de t’apaiser… Allez essaye.

Maya respira fortement et lentement pour bien oxygéner son cerveau et peu à peu l’emballement de ses pensées se calma. La cadence des visions emboîta le pas à la respiration. Elle sortit insensiblement de sa torpeur, mais une chaleur torride l’enveloppa et elle s’endormit profondément.

 

Lorsque Maya se réveilla, son père s’était assoupi auprès d’elle. Sa respiration était forte et de temps en temps un grognement caverneux surgissait de sa poitrine. Il s’était aménagé un coin repos, au moyen d’un gros pouf et de quelques coussins, une couverture en polaire lui remontait jusque sous le menton. Il dormait comme un nourrisson.

Maya se demanda ce qu’il faisait dans sa chambre, mais lorsqu’elle voulu se lever son corps tout endolori l’en empêcha. Ses membres tremblèrent, elle était dépourvue d’énergie. Les draps trempés lui collaient aux jambes et ses cheveux s’étaient plaqués par paquets sur son front et ses joues. Sa voix était faible, pourtant elle rassembla toutes ses forces pour appeler son père.

- Papa ! Papa !

Malheureusement, Monsieur Poulain n’entendit pas sa fille. Il dormait trop profondément.

Maya se rendormit. Elle ne sut dire combien de temps elle resta ainsi, mais lorsqu’à nouveau elle se réveilla, son père n’était plus là.

Elle se sentait moins chaude et moins faible, néanmoins elle n’eut pas encore la force de se redresser. Elle se tourna vers la gauche, en direction de la fenêtre et considéra le beau rayon de soleil qui perçait de l’espace laissé par les volets entrebâillés.

Elle n’eut pas a attendre longtemps la venue de son papa. Celui-ci s’était seulement absenté quelques minutes pour prendre une douche. Une bonne odeur de savon se répandit dans la pièce lorsqu’il entra.

- Maya ? Oh, Maya ! tu t’es réveillé, enfin !

- Qu’est qu’il y a papa… Je me sens toute drôle.

- Tu es malade depuis dimanche. Tu nous a fait une fièvre de cheval ! j’ai fait venir le docteur Michel tellement j’étais inquiet. On a même failli t’hospitaliser.

- On est quel jour ?

- Mercredi. Tu te rends compte que tu es montée à quarante degrés ! alors avec ton bleu au cerveau, on a eu peur que ça fasse des dégâts…

- Mercredi ? j’ai dormi pendant tout ce temps !?

- Oh, mais tu as même déliré. Tu racontais n’importe quoi, une histoire de poème et de limbes. Hum ! ça fuse dans la caboche de ma petite fille. Dit-il en lui essuyant le front. 

- Je ne me souviens plus de rien.

- Normal, avec la fièvre que tu as eue… On s’est relayé avec Robin et puis depuis hier il est parti prospecter les catacombes de la ville. Normalement, il devrait rentrer ce soir, comme ça on pourra fêter ton anniversaire, hein ma puce ?

- C’est vrai, j’ai eu mes treize ans !

- J’ai hâte de t’offrir mon cadeau… mais pour le moment je vais te conduire à la salle de bain. Car j’ai plus l’impression d’être le père d’un petit troll que d’une jeune fille, nom d’un petit bonhomme ! fit-il, puis il emporta sa fille dans ses long bras maigres.

Au fond du lit gisait une page de papier froissée et imbibée de sueur…

 

« Ah ! quel bienfait que ce bon bain tiède à souhait ! » se dit Maya en barbotant dans la baignoire. Petit à petit des éléments de sa journée du dimanche lui revenaient. Sa                                       visite chez Rose et sa réaction singulière, puis les questions du Capitaine Piole, mamie qui lui avait offert le médaillon et enfin le rendez-vous avec Karim. Elle avait dû prendre froid sur la moto de Robin, elle se souvint parfaitement l’air glacial qui l’avait traversée jusqu’aux os. Elle se rappela aussi sa visite chez Karim et sa famille si différente de la sienne. Et puis, il y avait le grand-père, noble et magnifique et son aide précieuse. Maya pensa à la traduction et subitement, elle eut un coup au cœur. Elle ne se souvenait plus de ce qu’elle en avait fait. Elle l’avait lue dans son lit, jusque-là c’était clair dans son esprit mais ensuite, le néant. Elle se savonna vigoureusement de la tête aux pieds croyant qu’en se décapant ainsi elle se remémorerait les évènements davantage.

Après le bain, Maya enfila une tenu légère et confortable. Sa tête qui tournait encore lui rappela sa fragilité. Elle n’eut qu’une envie, celle de s’allonger confortablement dans son lit.

Son père lui avait gentiment préparé sa chambre. Les draps et même la housse de couette avaient été changés. Le tissu était frais, Maya rentra avec un réel plaisir dans son lit. La chambre avait été aérée et les volets grand ouverts. Un puit de lumière envahissait la pièce.

- Ah ! Ah ! tu as faim j’espère, s’exclama Monsieur Poulain en arrivant. Car je t’ai préparé des œufs au bacon, un chocolat et du jus d’orange pressé maison… Hum, il te faut des vitamines. Regarde moi ce beau visage tout pâlichon, dit-il en installant le plateau repas à proximité de sa fille. Prends des forces, mon ange.

- J’ai faim ! Miam ! je vais me régaler… dit, papa, t’aurait pas trouvé un papier avec des poésies écrites dessus ?

- Oui… oui, je l’ai trouvé tout à l’heure en refaisant ton lit. Mais où est ce que j’ai pu le mettre ? se demanda-t-il en se grattant la tête et en tournant sur lui-même… bon dieu ! je l’ai peut-être mis dans la machine à laver avec les draps !

- Oh non ! s’écria Maya.

- Pourquoi ? c’était important ? La, la, la, j’y vais vite. Est-ce que j’ai mis la machine en route ? bonne question, se dit-il et il se précipita dans la buanderie.

Maya, désolée et impuissante se contenta de regarder autour d’elle. Au bout d’un moment elle remarqua un papier chiffonné sous son bureau. Elle sortit de son nid douillet à contre cœur et s’accroupit pour ramasser ce qui n’était que le vulgaire brouillon d’un exercice de math. Elle flancha car les forces ne lui étaient revenues qu’en partie et du coup elle s’assit. Ainsi postée, elle scruta le sol autour d’elle dans l’espoir de retrouver le papier qui contenait la traduction.

Sous son lit, une espèce de chiffon se dissimulait derrière un pied. Maya progressa à quatre pattes, s’en saisit et souffla en constatant qu’elle avait retrouvé sa précieuse traduction. Elle réintégra son lit, soulagée.

- Je ne l’ai pas trouvé ! héla de loin son père. Désolé, dit-il enfin, en entrant.

- Ce n’est pas grave, papa, car moi je l’ai trouvé.

 

Maya dévora de bon appétit son repas, elle sentit ses forces à nouveau grandir. La journée passa entre somnolence et lecture. La fillette s’imprégna des textes traduits, les apprit même par cœur, lorsqu’elle en eut assez, elle bouquina une bande dessinée humoristique, histoire de passer le temps. Puis, de temps à autre lorsqu’elle s’en sentait la force, elle essayait d’organiser ses idées à propos du MONSTRE et d’Emma. Elle essayait de trouver le fil conducteur entre son amie et un homme recherché par la police depuis tant d’années. Y avait-il un lien avec les tueurs à la casquette ?  étaient-ils des employés du MONSTRE ? ou alors le lien existait-il plutôt avec le père d’Emma. Il y avait son médaillon qui correspondait presque à la description de celui trouvé sur le corps inanimé de Monsieur Rénald. Y avait-il moyen de retrouver son propriétaire ? non décidément, ce n’était pas le moment de remuer tout ça, elle était encore un peu trop fatiguée pour réfléchir efficacement.

De temps en temps, Monsieur Poulain, faisait une apparition pour contrôler la fièvre de Maya ou bien pour l’alimenter convenablement. Il passait un petit moment avec elle, puis il la laissait se reposer.

Le soir venu, il lui tarda d’offrir à sa fille sa surprise. Aussi, ne voyant pas revenir Robin, il pensa qu’il serait sympathique de fêter les treize ans de Maya tous les deux, en tête à tête.

- Qu’est ce que tu en penses Maya ? Tu veux bien, ou alors tu préfères qu’on attende Robin ? comme elle ne répondit pas il continua. Tu sais, il se fait tard et si ça se trouve il ne rentrera pas ce soir ou alors tard dans la nuit.

Maya se dit que son père semblait tout excité à l’idée de lui offrir son cadeau, alors pourquoi le contrarier.

- Bon, d’accord. Répondit-elle, enjouée. Mais j’ai bien envie de rester au chaud dans mon lit. Je peux ?

- Pas de soucis, je monte le guéridon et tout le nécessaire pour fêter ça dignement.

Elle ne le vit réapparaître qu’une heure après.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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