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  • : Le blog de Maya.P
  • : des romans, des contes, des histoires pour les petits, tout un espace dédié à la jeunesse mais pas seulement...
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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 22:45

 

Monsieur Poulain réveilla sa fille à la hâte. Il venait de téléphoner à l’hôpital et le Professeur Masson pouvait recevoir Maya dans l’heure. Comme il n’était pas très souvent disponible, mieux valait sauter sur l’occasion.

- Maya, Maya ! réveille-toi, fit-il en retirant le petit bout de couverture qu’elle serrait dans ses mains. Il la secoua gentiment. Allez, debout ! dépêche-toi, Maya. Je t’ai obtenu un rendez-vous avec le docteur Masson.

- Hum ! Maya était tout engourdie. Aie ! ouille ! J’ai mal partout.

Elle avait passé la nuit sur le fauteuil inconfortable du salon et les conséquences se faisaient sentir douloureusement.

- Va vite prendre ta douche. Je te prépare ton petit déjeuné. Bon dieu ! où a bien pu passer mon porte feuille !? se demanda-t-il.

Le père tout aussi peu réveillé que la fille, partait à droite puis à gauche sans trop pouvoir décider de la direction à prendre.

Après une toilette express et un bol de céréales, ils filèrent direction l’Hôpital Marguerite.

 

Le docteur Masson suivait Maya depuis sa naissance. Cet éminent spécialiste du cerveau, s’était vu confier l’enfant car elle présentait une pathologie inconnue. Les médecins, qui mirent au monde Maya, remarquèrent après une série d’examens qu’elle avait à un endroit du cerveau une sorte de petit bleu, exactement comme les bleus occasionnés par un coup ou une chute. Sa couleur foncée au centre et multicolore autour le rendait joli à regarder. Mais cette anomalie provoquait chez l’enfant des douleurs vives qui apparaissaient brusquement. La prise d’un médicament adapté annulait instantanément et ponctuellement la douleur.

Une à deux fois par an, la fillette se rendait dans le service du Professeur Masson. On observait l’évolution de son bleu et on lui faisait passer une batterie de tests.

            Maya se confia au médecin qui au fil des années était devenu un ami. Elle lui parla de ces flashs survenus lorsqu’elle avait rendu visite à Emma, de ces images qui s’étaient soudainement imprimées dans son esprit.

-  As-tu déjà rencontré ce phénomène avant ? Demanda-t-il.

- Non, c’est la première fois et puis, ensuite j’ai été très fatiguée et ma douleur à la tête est devenue très vive.

- Bon pour l’instant, je vais te prescrire tes comprimés, mais je veux te revoir vendredi soir après les cours. Ça fait dans une journée, c’est bien ça ? oui, bon, demain, quoi.  Tu viens avec des affaires au cas où.  Bon… Et je vérifie que ton bleu ne s’est pas étendu. Entendu ? S’il y a eu des petits changements, je te garderai en observation pour le week-end. On fait comme ça ?

C’était tout lui, le professeur Masson était direct, expéditif et très efficace.

Il se leva et lui tendit fermement sa large main. Maya présenta la sienne timidement car elle anticipait la poigne de fer du médecin. Et, bien entendu, comme de coutume, il lui broya la main. Maya réprima un petit cri de douleur, s’empressa de sortir du bureau et agita sa main vivement afin qu’elle reprenne sa forme initiale. Elle avança à la rencontre de son père qui buvait son troisième café de la matinée.

- Il veut me faire passer un scanner demain, lança-t-elle. Et s’il y a un changement, si mon bleu a grossi, il veut me garder en observation. Quelle heure est-il ?

- Pas loin de huit heures pourquoi ?

- Parce que je rentre à neuf et que j’ai envie d’aller voir Emma quelques minutes. Ça te ne dérange pas ?

- Ben non, mon ange, j’ai que ça à faire pour le moment… dis, tu n’aurais pas vu mon portefeuille, par hasard ?

- Non désolée, répondit-elle.

Elle fit claquer un baiser sur la joue de son père et s’engouffra au pas de course dans les couloirs. Quelques regards désapprobateurs la dévisagèrent, elle se calma sur le champ et adopta une marche rapide.

Elle entra sur la pointe des pieds dans la chambre occupée par Emma, s’approcha d’elle et chuchota près de son l’oreille.

- C’est moi Maya. Tu sais, tu me manques… tu me manques beaucoup… je porte le joli collier que tu voulais m’offrir. Il est magnifique. Jamais, je n’en ai eu un aussi beau… Merci…

Elle lui caressa le front et lui donna un petit bisou.

A nouveau elle eu un flash, cette fois il s’agissait de papiers, de lettres. C’était confus. Elle prit peur et s’écarta. Un moment, elle observa son amie en silence.

« Que se passe-t-il ? » s’interrogea-t-elle. « C’est bizarre toutes ces visions chaque fois que je touche Emma »

Lorsqu’elle rejoignit son père, elle avait repris ses esprits.

- On y va pa ?! ce soir, t’inquiète pas si je rentre un peu tard, après les cours je rends visite au père d’Emma. Puis, tout bas pour elle-même. Je crois qu’il a des choses me dire.

 

La journée au collège fut particulièrement difficile. Les filles furent méprisantes et les garçons moqueurs. Maya se retrouva dans la situation qu’elle vivait avant l’arrivée d’Emma. Son  amie avait su s’imposer très rapidement au sein des groupes d’adolescents. Certains s’étaient risqués à faire quelques bons mots à ses dépends, mais ils s’en mordirent vite les doigts. Chacun eut rapidement compris qu’il valait mieux respecter Emma que de s’y frotter. Son amitié avec elle, permit à Maya un peu de tranquillité.

Malheureusement, la nouvelle de l’accident d’Emma s’était répandue et les bonnes vieilles habitudes reprirent.

-  Tu n’as pas ton garde du corps aujourd’hui ? lancèrent Corinne et Sonia.

Maya ne répondit pas. Il n’y avait, d’ailleurs, rien à répondre. Elle songea à Emma, seule dans sa chambre d’Hôpital.

- Hé ! tu réponds pas, miss Poulain ? réitèrent-elles.

-Laissez-moi… Marmonna Maya en regardant ses pieds, essayant de contourner  le rempart qu’elles venaient de former et auquel s’étaient rajoutées Jessica et Colombe.

- qu’est ce que t’as dit ? rétorqua Sonia en colère, l’attrapant par le bras pour l’intimider davantage.

- Rien… j’ai rien dit… répondit Maya penaude. Je peux passer, s’il te plait ?

Deux garçons assistant à la scène déclarèrent au passage :

- Va y avoir du cheval à la cantine aujourd’hui ! ou plutôt du Poulain ! hi ! hi ! hi !

Cela fit exploser de rire les pimbêches qui attirées par la gente masculine abandonnèrent leur proie.

- C’est bon, passe mais fais gaffe à ce que tu dis, sinon on te maquille au marqueur, ok ? grogna Corinne, les sourcils froncés, menaçante.

L’instant d’après, le visage enjoué Corinne héla les deux garçons d’une voix mielleuse.

- Tom, François ! attendez-nous !

 

Les cours furent des plus barbants. Maya n’avait pas la tête à ça. Toute la journée, elle ne pensa qu’à sa rencontre avec le père d’Emma. « Qu’avait-il à lui apprendre? » cette question revenait sans relâche.

 

La cloche sonna et aussitôt les élèves remplirent leur sac à la va vite pour être le plus rapidement possible hors de l’enceinte du collège. Maya n’était pas en reste mais en tant que déléguée de classe elle avait l’obligation de rapporter le carnet d’appel. Elle se dépêcha d’accomplir sa tâche, mais elle rencontra Madame Hilly qui s’occupait de l’atelier journal.

- Maya, l’interpella-t-elle, on ne te voit plus guère à l’atelier ces temps-ci, tu es la rédactrice il me semble ! tes camarades ont besoin de toi pour sortir la page hebdomadaire. Viens, on va discuter de tout ça.

Maya était très embarrassée et pressée, elle tâcha de s’en tirer par une petite comédie.

- Oh, je suis désolée Madame, je ne peux vraiment pas, j’ai rendez-vous avec mon médecin pour un renouvellement de médicaments. Je n’en ai plus, et vous savez, (elle se prit la tête entre ses mains ) j’ai très mal en ce moment.

l’expression sévère du visage du professeur se transforma en indulgence. Madame Hilly n’ignorait pas les problèmes de santé de Maya.

- Oui, je comprends, allez, va ! Elle leva le doit en guise de recommandation. Mais demain sans faute, sans quoi la page de la semaine prochaine ne verra pas le jour. Je compte sur toi.

- Oui, Madame, s’empressa de répondre la fillette.

Ouf, Maya pouvait enfin se rendre au rendez-vous. Elle prit la démarche d’une personne souffrante pour ne pas éveiller les soupçons du professeur qui la toisait encore. Lorsqu’elle fut hors de portée, elle détala le plus vite possible pour ne pas rater son bus.

 

 

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